08Déc

Un recruteur anglais fait l’éloge de nos compétences professionnelles. Son texte, lu plus de 100 000 fois sur LinkedIn, conseille aux multinationales de se ruer sur les candidats français. Un homme en marinière, béret sur la tête et baguette à la main. C’est l’image qu’a choisie Jonathan Wolf pour illustrer son article. Pourtant son texte, partagé sur les réseaux sociaux plus de 20 000 fois en 15 jours, fait la vie dure aux clichés puisqu’il vante les mérites des brillants diplômés des Grandes Ecoles françaises.

Dans une Europe où Français et Anglais sont souvent décrits comme rivaux, le titre choisi par l’auteur, «Pourquoi vous devriez embaucher un Français» peut surprendre. Dirigeant de l’équipe produit de Criteo, Jonathan Wolf a recruté des personnes aux quatre coins du monde. Diplômé d’Harvard et d’Oxford, il rappelle son parcours comme pour rassurer les employeurs à qui il adresse son article. Trois qualités font selon lui un salarié en or. Il explique pourquoi les Français sont plus susceptibles que d’autres de les posséder, et il ne tarit pas d’éloges.

• Capacité d’analyse, créativité et aisance sociale

La capacité d’analyse est selon Wolf la clé de la valeur ajoutée d’un employé. Il constate que nos écoles d’ingénieur si réputées, qui enseignent les mathématiques de manière intensive, forment précisément à l’exploitation de données.

La créativité serait le second atout des Français, très aptes à proposer des solutions innovantes. À l’origine de cette compétence, la tradition de la dissertation basée sur le schéma «thèse-antithèse» qui privilégie la critique au «par cœur». D’après Wolf, les Français osent tout remettre en question. Un bon point, selon lui.

Ce «culot» à la française n’est pas à dissocier du «charme latin», qu’il finit par évoquer. Cette aisance sociale, que nous envient les Anglais, facilite nos relations commerciales. «La France est le mélange de l’Europe du Nord et l’Europe du Sud en une nation», surenchérit le recruteur. Selon lui, c’est la raison pour laquelle tant de Français occupent des postes à responsabilités dans le management international.

• Les Grandes Écoles, privilégiées du système français

Pour encenser les Français, Jonathan Wolf n’hésite pas à vanter les mérites du système élitiste de nos Grandes Écoles, qu’il qualifie de «très bon». En France, on déplore en revanche que le système scolaire soit à la traîne par rapport au niveau d’enseignement des diplômés des Grandes Écoles, comme en atteste la directrice du cabinet de recrutement Diane Executives, Vanessa Saragaglia. «En revanche, il serait faux», atténue-t-elle, «de dire qu’il n’y a pas une corrélation entre notre système universitaire et l’éducation dispensée dans nos collèges et lycées».

Suite à des centaines de commentaires, Jonathan Wolf a ajouté: «je n’avais pas réalisé à quel point ce thème était controversé!». Son éloge est véritablement étonnant, confirme la chasseuse de têtes de Diane Executives qui estime que le management anglo-saxon va à l’encontre de la réputation «contestataire» des employés français. Pour elle, les entreprises au management méditerranéen permettent aux Français de trouver plus facilement leur place.

Le plus gros handicap des Français à l’international reste les langues, rappelle-t-elle. Malgré cette faille, les Français sont reconnus durablement à l’étranger, particulièrement dans le domaine de l’IT (Information Technology, ou nouvelles technologies), où leur créativité a fait leur renommée, insiste Vanessa Saragaglia. Wolf, lui, explique ce succès en ramenant les talents des employés aux particularités de leur pays: l’élite anglaise est destinée à étudier l’histoire et la politique, les États-Unis sont gouvernés par les étudiants en droit, tandis qu’en France, les maths sont la matière royale.

Source : Le Figaro